Le patrimoine culinaire des fonds de tiroirs

Cela faisait longtemps que je voulais fouiller dans les armoires de ma mère pour y retrouver les livres de recettes oubliés, ceux desquels on ne veut se départir parce que trop empreints de souvenirs (ou de taches de sauce)! Beaucoup de fous rires plus tard, je vous écris aujourd’hui un billet, non pas nostalgique, mais bien appelant à l’importance du devoir de mémoire culinaire.

L’idée m’est venue à la suite de la chronique Préserver l’histoire de la cuisine québécoise à l’émission On n’est pas sorti de l’auberge sur les ondes de ICI Radio-Canada Première. Anne Fortin, la propriétaire de la Libraire gourmande du Marché Jean-Talon, est à l’origine de la création du Conservatoire culinaire du Québec, premier lieu répertoriant au-delà de 1 ooo livres de recettes, vieux menus de restaurants et guides culinaires d’ici.

En attendant de visiter ce lieu, je vous parle un peu de mes trouvailles dans les fonds de tiroirs de ma mère. Il était trop difficile pour moi de vous écrire sur le sujet, car la plupart de ces recueils, illustrés à la main et tapés à la machine à écrire, s’avèrent de réels bijoux visuels! Cette semaine, j’y vais un peu à la manière d’un album photo.

Des à-côtés étonnants!

Vraies mines d’or de conseils étonnants et de clins d’œil sympathiques, les livres de recettes de nos mères valent le détour! N’y cherchez pas des recettes, prenez le temps de lire tous les extra en début et en fin de recueil. Dé-li-cieux!

  • Le punch d’amour
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Filles d’Isabelle du Cercle Notre-Dame de la Baie de Paspébiac, De bonnes recettes, (année inconnue).

 

  • La recette domestique pour crème de beauté
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Filles d’Isabelle du Cercle Notre-Dame de la Baie de Paspébiac, De bonnes recettes, (année inconnue).
  • Les conseils à la jeune mariée
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Jehane Benoit, La nouvelle encyclopédie de la cuisine, édition deluxe, 1976.
  • De drôles d’équivalences des contenants en grammes
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Le Cercle des fermières de Bonaventure, Une bonne aventure culinaire, 1981.

Des traces d’un bagage rapidement oublié

Mes origines multiples, soit acadienne, gaspésienne et amérindienne m’ont toujours accompagnée dans mes questionnements culinaires. Des plats tels que les poutines (boules de pâtes), les estomacs de poissons et les fayots demeurent des plats concoctés par mes grands-mères et que plus personne ne fait maintenant. Feuilleter les pages des livres trouvés a poussé ma réflexion sur ce qui nous reste de l’héritage culinaire de nos grands-parents une fois qu’ils sont partis.

Je vous laisse découvrir quelques recettes qui m’ont fait sourire, soit pour le souvenir qu’elles m’évoquent, soit pour la stupéfaction!

  • Les « gaults » ou « gos »

Ce repas préparé, au grand plaisir des mes oncles, par ma grand-mère paternelle m’a toujours levé le cœur. Des estomacs de poissons farcis, vous imaginez la vue… et l’odeur! Toutefois, le savoir répertorié me convainc qu’il a marqué de nombreuses familles. Je me fais un devoir ici de trouver l’origine de ce mot, lequel est introuvable dans les principaux dictionnaires. À suivre!

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Site historique du Banc-de-Pêche-de-Paspébiac, Recettes d’hier et d’aujourd’hui, (année inconnue).
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Le Cercle des fermières de Bonaventure, Une bonne aventure culinaire, 1981.

  • De l’alcool… maison

J’adore la baboche, vin de fraises et autres petits fruits. Je la bois avec un plaisir coupable à chaque visite chez mon oncle Frank en Gaspésie. Je ne vous expliquerai pas ici sa méthode de fabrication, car elle ne doit pas respecter les normes! Toutefois, fabriquer son alcool à la maison n’est pas inusité. Je vous suggère ces petites trouvailles.

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Lorraine Boisvenue, Le guide de la cuisine traditionnelle québécoise, (année inconnue).
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Lorraine Boisvenue, Le guide la cuisine traditionnelle québécoise, (année inconnue).
  • Des animaux sauvages dans votre assiette

Je vous partage cette recette, parmi toutes celles trouvées. Je tiens à préciser ici que l’ours, le porc-épic, l’outarde, la marmotte, le rat musqué ainsi que le castor ont bien leur place dans les livres de recettes traditionnelles. Si j’ai choisi le ragoût d’écureuils, c’est qu’il est accompagné des « grands-pères » autre nom donné aux fameuses poutines de ma grand-mère maternelle! Promis, il y aura bientôt un billet sur ce mets (pas l’écureuil, là!).

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Lorraine Boisvenue, Le guide de la cuisine traditionnelle québécoise, (année inconnue).
  • À l’origine des mots

Au-delà du patrimoine culinaire, il y a toute la richesse des mots qui l’accompagne. J’adore lire toutes les petites rubriques du vocabulaire de la cuisine de nos aïeuls.

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Anne-Marie Chiasson, Cuisine d’Acadie tome 2, 1984.

C’était un bref survol de tout ce que j’ai pu lire en parcourant les livres de recettes de ma mère. Nos origines et nos traditions ne sont pas seulement dans les livres d’histoire. Quel plaisir de tourner les pages et de se replonger dans ce qui a animé les cuisines d’autrefois!

Avez-vous des plats traditionnels, des recettes régionales ou des souvenirs culinaires à me partager? Je serais vraiment ravie de partager votre nostalgie de l’estomac et votre coin de pays!

 

 

11 commentaires sur “Le patrimoine culinaire des fonds de tiroirs

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  1. Tout en te lisant j’ai eu le sourire aux lèvres, car j’ai connu ça des ‘gos’, ça n’avait pas l’air appétissant mais combien nourrissant et beaucoup de travail pour nettoyer ceux-ci, moi ce que maman fait et que tous raffolent avec des ‘Poutines’ c’est son stew à la poule, surtout faire attention de se brûler la langue car tellement chaud, c’est une grosse soupe réconfortante pleins de poulet, de légumes, et les poutines sur le dessus, elle le fait encore à la demande des siens, moi lorsque je reviens de la Gaspésie j’y vais avec mes faillots mais à ma façon, mais les faillots de Grand-mère Élizabeth me manque beaucoup, ce sont des fèves jaunes ou vertes dans une sauce au beurre ou avec de la graisse et des lardons, surtout réchauffé encore meilleur, très bon article Marie-Ève, j’aurais aimé y lire aussi sur les desserts qui ont marqués les générations, qui sait peut-être dans un prochain article.

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  2. Bravo pour ton article. Moi aussi j’ai connu ça des GOS mon plat préféré: foie de morue, patates en cubes, oignons, sel et poivre. J’en ai même cuisiné . Faut pas oublier aussi le ragoût aux lièvres (soupe) avec des poulines ( menoummm). Je crois que c’est un plat cuisiné en Gaspésie seulement. Bravo encore Marie-Ève.

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  3. Oui, les gos j’ai connu ça… pas au goût parce que quand j’étais plus jeune, je ne voulais rien savoir du poisson, mais je me souviens très bien de partir avec mon père au quai de Bonaventure et aller en acheter. Les bateaux de pêche venaient tout juste d’arriver et la morue était préparée en direct devant toi. Mémé Leblanc est selon moi la meilleure cuisinière de son époque… tu pouvais arriver chez elle à l’improviste et lui demander n’importe quoi et elle te le préparait dans le temps de le dire. Mon ultime favori reste le ragoût de poulet (comme ta mère appel le stew à la poule), avec beaucoup, beaucoup de poutine. Je m’en fait un immense chaudron au moins deux fois durant l’hiver. Et que dire des têtes de morues… tu en a pas parlé… en fricassé ou étouffé! Un plat que j’ai apprivoisé avec le temps et que j’adore aujourd’hui, mais que je ne sais pas faire. N’essayer pas de trouver des têtes ici, à Montréal, le poissonnier te regarde avec des points interrogations dans les yeux. Quant à Michel, un Montréalais, la première fois qu’il est allé à Paspébiac en ’83, il a adoré la tête de morue et depuis 35 ans, c’est le plat qu’il mange dès qu’il arrive à Paspébiac. Très bon article Marie-Ève.

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    1. Allô Lucie! Merci pour ta petite histoire 🙂 Il me fallait faire des choix pour les recettes… c’était difficile!

      Je prends bien en note tes suggestions et je vais bientôt faire, pour la première fois, des poutines avec grand-mère Yvonne, le tout avec un bouillon à la poule.

      J’ai bien hâte de vous partager tout ça!

      Merci de me suivre, je l’apprécie beaucoup 🙂

      J’aime

      1. C’est une belle réflexion que tu fais sur l’importance du patrimoine culinaire. Depuis quelques années ma grand-mère nous lègue certaines des recettes pleines de farine et tapées au dactylo qu’elle connait par cœur, surtout des desserts. Même si aujourd’hui le rythme de vie a changé du tout au tout, je pense qu’il est important de conserver cet héritage culinaire et cette façon de faire : qui est de prendre le temps de bien faire les choses.
        Il se trouve que la semaine dernière, j’ai assisté ma grand-mère dans sa préparation de tarte légendaire. C’est une recette qu’elle montre à ses enfants et petits-enfants uniquement. À chaque Noël depuis des temps immémoriaux, les seuls desserts autorisés sont les 6 tartes de ma grand-mère ! Hihi ! J’ai également appris ses secrets pour réussir du sucre à la crème (avec le truc de la goutte d’eau dans un verre). Je me suis sentie vraiment privilégiée de pouvoir l’assister, c’est comme si je découvrais les secrets de la Caramilk ! C’est ce qu’on appelle passer des moments de qualité !

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      2. Quel beau partage! Merci! De mon côté, je me fais un devoir de bientôt cuisiner avec ma grand-mère maternelle pour connaître les secret du fameux bouillon à la poule!

        En plus d’être un moment précieux, c’est aussi un legs inestimable.

        Merci de suivre le blogue!

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  4. Superbe billet Marie-Ève. La mémoire culinaire demeure importante même si nos habitudes ont bien changé depuis cette époque. J’ai mangé du phoque pour la première fois de ma vie en automne 2016 à Québec. Je n’en conserve pas un grand souvenir (au plan du goût) mais je ne suis pas sûr que je serais tenté par un ragoût d’écureuils…

    Pour ce qui est du Go (gos), on en parle dans le Dictionnaire des régionalismes du français de Terre-Neuve ( Patrice Brasseur, 2001). J,espère que le lien ci-dessous va fonctionner.

    https://books.google.ca/books?id=5HwULAu8aSgC&pg=PA225&lpg=PA225&dq=estomac+de+morue+ancien+fran%C3%A7ais&source=bl&ots=5oQsuSHyew&sig=fqUBxcECQSpBqcMOfDgQxhfZbD8&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiko7Le3-rSAhVLs1QKHUy8BDwQ6AEIHDAA#v=onepage&q=estomac%20de%20morue%20ancien%20fran%C3%A7ais&f=false

    Bonne continuation !

    PL

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